L’ancien chef rebelle Roger Lumbala Tshishinga, actuellement jugé en France pour crimes de guerre, est également poursuivi pour l’implication de son mouvement, le RCD-National, dans l’opération « Effacer le Tableau ». Une campagne militaire tristement célèbre dans l’histoire de la RDC. Cette opération avait aussi vu la participation présumée du MLC de Jean-Pierre Bemba.
Entre octobre 2002 et janvier 2003, période couverte par le Rapport Mapping des Nations unies, les troupes de Lumbala et celles de Bemba auraient mené une offensive conjointe contre les communautés Nande et Pygmées Bambuti dans l’Est du pays. Leur objectif : s’emparer de la cité stratégique de Mambasa, alors contrôlée par le RCD-K/ML de Mbusa Nyamwisi.
Les forces du duo Bemba–Lumbala ont rapidement conquis Mambasa, Épulu et Mandima, dans une avancée qui visait, en réalité, la prise de Beni, bastion de Mbusa Nyamwisi. Entre octobre et décembre 2002, le contrôle de ces localités changera plusieurs fois de mains avant la signature, le 31 décembre 2002 à Gbadolite, d’un accord de cessez-le-feu entre les deux factions, sous la médiation du président ougandais Yoweri Museveni.
Mais durant cette période, de graves violations des droits humains auraient été commises : exécutions sommaires, viols, tortures et disparitions forcées, principalement contre les populations civiles Nande et Pygmées.
C’est dans ce contexte que Roger Lumbala réclame la comparution de Jean-Pierre Bemba, estimant que la justice doit entendre tous les acteurs impliqués dans ces événements, y compris Antipas Mbusa Nyamwisi, peut-être plus tard.
La question reste désormais politique : le président Félix Tshisekedi acceptera-t-il de livrer son allié principal, Jean-Pierre Bemba, actuel ministre des Transports, au risque de fragiliser sa coalition ? Les chances de Bemba de rentrer en homme libre après une telle comparution paraissent, en tout cas, très minces. Affaire à suivre!




